Devenir nonne ?
Devenir nonne, cela signifie s’engager dans une tradition, se raser la tête en signe extérieur de renoncement, porter un vêtement monastique et obéir à un certain nombre de préceptes.
Être nonne recouvre néanmoins plusieurs réalités avec des variantes importantes selon les traditions.
Si l'on est dans le Théravada, on va rejoindre une communauté comme Arya Nani en Birmanie, Ajahn Sundara en Angleterre.
Si l'on est dans le zen japonais, être nonne n’implique pas forcément rejoindre une communauté ni quitter son environnement comme le vivent des enseignantes de la lignée de Maitre Deshimaru, mais cela peut l’impliquer aussi si la nonne veut aller se former au Japon.
Pour le zen vietnamien du Vénérable Thich Nhat Hanh, cela signifie rejoindre sa communauté dans l'un de ses centres.
Si l'on est nonne dans le bouddhisme tibétain, cela implique généralement de rejoindre un centre et une lignée.
L’obéissance aux préceptes est également différente selon les traditions :
La théorie :
- Le Vinaya Pitaka du Théravada (Myanmar, Cambodge, Laos, Sri Lanka, Thaïlande) : le patimokkha comprend 227 règles pour les moines et 311 pour les moniales. Ces règles ont été figées dans le temps alors qu'elles étaient flexibles du temps du Bouddha, le résultat est que, désormais, elles sont parfois en décalage avec notre époque et nécessitent que les monastiques soient nécessairement secondées dans leur quotidien par des laïques.
- Dans la tradition Mahayana, le Dharmagupta Vinaya, (Chine, Japon, Corée, Vietnam), le patimokkha prévoit 250 règles pour les moines et 348 pour les moniales.
- le Mulasarvastivada Vinaya, (région himalayenne et Mongolie) ; le patimokkha impose 253 règles aux moines et 364 aux moniales.
|
La pratique :
- Dans le Théravada, la novice obéit à 10 préceptes, puis, si elle reçoit l’ordination complète, elle obéit aux 311 règles du vinaya, mais l’ordination complète est toujours problématique en Thaïlande, est non envisageable à Amaravati en Angleterre, n’existe pas en Birmanie, est devenue acceptée au Sri Lanka et est pratiquée désormais aux Etats-unis et en Australie.
- Dans le Zen soto, Maitre Dogen a ramené à 16 les préceptes jugés essentiels. Par ailleurs, pour des raisons historiques, les monastiques sont autorisés à se marier.
- Dans le Zen vietnamien du Vénérable Thich Nhah Hanh, les nonnes et les moines obéissent aux quatorze préceptes formulés par le maitre et adaptés aux exigences de notre temps.
- Dans le bouddhisme tibétain, les nonnes sont toujours regardées comme des novices et obéissent à dix préceptes, quel que soit leur temps d’ordination, puisque l’ordination complète est toujours refusée aux nonnes par la hiérarchie de plusieurs lignées, en dépit du soutien du Dalaï lama et du Karmapa (voir l'annonce récente de ce dernier). Les nonnes qui veulent la complète ordination n'ont d'autre choix à l'heure actuelle que d’aller à Taiwan, dans la lignée Mahayana. C’est ce qu’ont fait plusieurs nonnes occidentales comme Jetsunma Tenzin Palmo.
Il faut encore préciser qu'il existe, dans le bouddhisme tibétain, une confusion entre l’engagement monastique et le fait d’être lama. Les deux portent la robe rouge, mais cela n’a pas le même sens. On peut être lama sans être monastique et on peut être monastique sans être lama. Lama est généralement le titre accordé à celles et ceux qui ont effectué la retraite de trois ans, il existe des lamas mariés, chez les Nigmapas notamment.
Il y a également des lignées contemporaines qui ont choisi de ramener les préceptes aux règles les plus essentielles :
-
La tradition Shambala créée par Chogyam Trungpa a défini un nombre de préceptes et un processus d'ordination propre à la lignée.
-
La Nouvelle Tradition Kadampa fondée par le Vénérable Guéshé Kelsang Gyatso respecte 10 préceptes de bases.
-
La communauté Triratna, fondée par Shankarakshita, comporte un ordre bouddhiste qui n'est ni monastique, ni laïc, l'observance des préceptes variant selon le degré d'engagement.
La question du soutien matériel aux monastiques diffère également selon les contextes et les traditions. Ayya Yeshe dont nous avons rapporté l’expérience dans le numéro précédent du magazine a fait état des grandes difficultés qu'elle a rencontrées pour trouver le moyen de subsister tout en étant nonne.
Le nombre de monastiques occidentales qui quittent la robe pour différentes raisons après quelque temps est important. Ce qui ne veut pas dire que l'expérience soit négative pour elles. Tout cela doit être pris en considération.
Lire ici un court rappel de l'origine des nonnes par Martine Batchelor
Lire ici un texte en français sur la préparation à l'ordination par l'International Mahayna Institute